Pour les Turcs, le simit est un peu comme pour les Français la baguette et le croissant réunis. Ce petit pain au sésame est consommé en grande quantité dans la population, et les touristes en redemandent – au total plus d’un million de simits sont consommés chaque jour en Turquie.
Hélas, le marché de la graine de sésame est actuellement en crise, avec une hausse verticale des prix, +40% depuis quelques mois. Or la Turquie n’est pas un gros producteur de sésame, à peine 15.000 tonnes par an, quand elle en consomme environ 170.000 t. Elle doit importer massivement en provenance des pays producteurs d’Asie (Chine, Inde, Birmanie) et d’Afrique (Soudan, Nigéria). Mais l’envolée du dollar, notamment contre la lira (TRY), la nouvelle livre turque, est spectaculaire (1 TRY= 0,17$) et la guerre des tarifs avec Washington aggrave encore la situation.
Les boulangers turcs, à la porte desquels les files d’attente s’allongent n’ont que deux solution : ou laisser les prix s’envoler et affronter la colère des clients ; ou commercialiser un simit sans sésame, ce qui ne plait pas non plus au consommateur. Le président Erdogan suit cette affaire avec attention, car il n’ignore pas que pour le peuple turc, le simit est un indice de son pouvoir d’achat. Du coup, on voit en ce moment filtrer l’explication du « complot politique » qui aurait été ourdi par « les barons du sésame » qui auraient stocké la graine pour en faire monter les prix. Un complot où il faut voir la main de l’étranger, bien sûr.
Quant à développer la production turque, ce ne serait pas totalement impossible, du moins dans certaines régions du pays et sous condition d’une mécanisation qui n’en est encore qu’au stade de la recherche. Des chercheurs turcs travaillent depuis quelques années à la mise au point d’une moissonneuse-batteuse spécialement adaptée au sésame.