La vague de manifestations agricoles des derniers mois, en France, en Allemagne aux Pays Bas et ailleurs en Europe, quelles sont les réponses que les gouvernements y ont apporté ? Disons : pour le moins très… diverses ! Parfois rien, parfois un peu. Quand on est bien disposé, on admet que ce peu s’ajoute peu à peu aux petits peu précédents. Mais au total ce peu ne fait grand-chose…
En Allemagne, le ministre (Vert) de l’agriculture prépare un ersatz de SUR, la proposition européenne Green Deal de baisse draconienne de l’utilisation des produits de traitements phytosanitaires.
On sait que cette initiative a échoué au niveau européen, alors que Cem Özdemir l’avait soutenue. La question se pose de savoir si ce n’est pas une façon d’occuper l’espace public, jusqu’aux prochaines élections européennes, et peut-être pour plus loin encore ?
Toutes les grandes organisations de l’industrie allemande, dont on connait l’influence sur la politique allemande, prennent leurs distances avec la coalition tripartite au pouvoir. Elles mettent même en cause la capacité de Scholz d’être chancelier. Tous les sondages donnent les trois partis perdants lors des élections européennes proches.
Le président du DBV ne trouve pas la moindre indication positive dans la politique économique de ce gouvernement. L’impression s’impose, que de partout on se prépare à une sortie possible de la coalition, quelle qu’en soit l’échéance.
En France on sacrifie à la mode des lois d’orientations, dont le seul énoncé se pare de la gloire mythique des lois des années 60 du siècle dernier. Mais on se garde bien de faire des bilans réels de ce flot législatif, pour estimer ce qu’elles ont apporté en dehors du champ législatif normal. Est-ce la bonne méthode pour calmer le jeu ?
La nouvelle loi d’orientation présentée par le ministre Marc Fesneau met un accent particulier sur le renouvellement des générations d’agriculteurs, un grand classique également. On y ajoute la récurrente débureaucratisation, mais dans le même temps on crée de nouveaux observatoires comme « France Services Agriculture » : ça coûte, un peu, mais qu’est-ce que ça rapporte ? La base grogne, et même la base consciente et raisonnable se demande si les syndicats ne sont pas en train de se faire manœuvrer, alors qu’il existait une vraie opportunité d’obtenir du concret.
A Bruxelles, Janusz Wojciechowski, le Commissaire européen à l’agriculture, a esquissé l’avenir de la PAC lors de la rencontre informelle en Province belge du Limbourg, sur invitation du ministre belge David Clarinval, Il démonte en même temps une partie de la dernière réforme qui a eu lieu. Il s’agira à l’avenir, selon lui, de rendre l’agriculture plus résistante aux crises par un nouveau contrat entre l’agriculture et l’Europe et par la création d’un 3e pilier de la PAC pour les aides anti-crises, à côté de celui du soutien au revenu, et des programmes environnementaux.
Il y aura bientôt des élections européennes, une nouvelle Commission, de nouveaux Commissaires. Il ne leur faudra pas trop tarder pour faire comprendre qu’ils ont entendus et compris les messages des manifestations paysannes de cet hiver. AM