irlandelaitLes laiteries irlandaises ont en 2023 et pour la seconde fois consécutive collecté moins de lait que l’année précédente. Et les perspectives ne sont pas bonnes.

Le géant laitier irlandais vacille et s’interroge. Dans l’Île Verte, les laiteries ont vu leur collecte diminuer de - 4,1 % en 2023 par rapport à l’année d’avant. Celle-ci avait déjà diminué sur 2021.

On doit y voir au moins une pause dans l’expansion de la production. Rappelons que durant les dix dernières années la disponibilité de matière première lait a augmenté de +63 %.

Mais les prix bas du lait, des conditions climatiques défavorables avec des sécheresses, ou inversement de trop fortes précipitations, ainsi que des changements dans les exceptions à la règlementation sur les nitrates ont conduit à cette amorce de décapitalisation.

Beaucoup d’éleveurs laitiers irlandais réfléchissent maintenant à une vente de leur cheptel devant la non-rentabilité qui se confirme. Les experts irlandais estiment que « l’inondation de lait » est pour l’instant terminée. Avec une question supplémentaire : l’Irlande pourra-t-elle encore longtemps garder ses parts de marché à l’exportation ? 

  
Le côté négatif de l’expansion laitière des dernières années apparait maintenant : une pollution nitrée des terres, et une émission de gaz à effet de serre. Selon les services de protection de l’environnement, les valeurs sont trop élevées dans la moitié des lacs et cours d’eau irlandais. En 2021, la part de l’agriculture dans les émissions de gaz à effet de serre était de 37,5 %, devant la circulation automobile avec 17,7 %, et la production de courant électrique avec 16,7 %. Or la loi sur le climat votée par le parlement irlandais oblige ce pays UE à réduire de moitié ses émissions de gaz à effet de serre jusqu’en 2030, et à devenir neutre par rapport au climat jusqu’en 2050.

Les services de l’environnement EPA considèrent que s’il n‘y a pas un changement radical dans l’économie de la viande et du lait, ces objectifs ne seront pas atteints, et de loin. Selon une proposition du ministère de l’agriculture, 65 000 vaches devraient être abattues, c’est à dire une diminution de 10 % du cheptel bovin, contre une prime de 3000 € /vache.

Inutile de préciser que la simple évocation de ces abattages massifs fait monter les ruraux aux barricades. IFA, le puissant syndicalisme agricole, ne veut absolument pas admettre un départ dans d’autres pays des productions laitières et de viandes. Au parlement irlandais, les critiques s’abattent sur le gouvernement di Premier ministre Leo Varadkar et de son ministre de l’agriculture Mc Conalogue 
Les éleveurs laitiers irlandais sont donc dans une pesante incertitude. Des  enquêtes indiquent que 48 % d’entre eux n’ont pas de successeur. Leur rentabilité est devenue incertaine, en 2023 le prix du lait a baissé de 27,5 % par rapport à 2022, selon Central Statistics Office (CSO). Dans certaines partie d’Irlande, on ne peut plus utiliser que 220 kg d’azote/ ha au lieu de 250 kg.
L’Irlande compte 18 000 élevages laitiers avec 1,6 Mio de vaches pour une production de plus de 9 Mio t de lait par an. La moyenne est de 80 vaches par étable et les élevages disposent de 50 ha de STH en moyenne. Les Irlandais ne visent qu’une production par vache de plus ou moins 5000 litres/vache, mais obtenus avec beaucoup d’aliments grossiers, et en premier les disponibilités en herbe. Rappelons que l’Irlande bénéficie d’une durée de végétation de 280 à 300 jours/an, grâce notamment à une pluviométrie constante 1000 à 1200 mm/an. Débit de l’eau, débit de lait, Trenet l’avait chanté…

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François Landrieu

Fondateur de Socopag

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