Janusz Wojciechowski, le Commissaire à l’Agriculture, ne brille pas en ce moment par ses initiatives face à la crise agricole européenne.
Pis : il va disant que tout cela n’est pas de son ressort et que lui personnellement n’est pas coupable de ce qui se passe aujourd’hui, puisque ni le Green Deal ni Farm to Fork ne sont actuellement appliqués!
De toute façon, ajoute-t-il sensa vergogna, pour plusieurs dispositions de ces programmes, il n’est pas compétent. Par exemple ni la renaturation ni la diminution de l’utilisation des produits de traitement ne sont de sa compétence.
Pas glorieux de sa part, tout ça ! Qui ne fait que durcir la mise en cause de sa compétence, celle de son désintérêt pour l’agriculture au profit de son engagement dans le débat politique en Pologne. Et encore ne cite-t-on pas, par charité chrétienne, les jugements très brutaux émis à son encontre en interne à Bruxelles et dans les milieux politiques européens.
En revanche, l’ex-commissaire autrichien Franz Fischler (entre 1995 et 2004) a toujours bon pied bon œil, et des propos acérés sur l’agriculture européenne. Dans une intervention récente, il a estimé « qu’une adhésion de l’Ukraine à l’UE sans réforme fondamentale de la PAC serait une catastrophe ».
Des études récentes montrent que dans cette hypothèse, il faudrait doubler le budget agricole européen et inventer des règles de transition à cause de la grande différence de prix dans certains produits, comme les céréales. Le système actuel de soutien à l’hectare n’a pas d’avenir, avec ou sans l’Ukraine.
Certaines perturbations des marchés ont leur origine dans les effets de ce système de soutien asymétrique au niveau des exploitations, notamment pour les grandes exploitations. « Selon moi, dit-il, il faudrait supprimer l’aide à la surface et développer un nouveau concept pour une réforme fondamentale ».
Déjà dans l’extension de l’EU de 2004, il avait proposé un système progressif d’aides et un plafond, mais l’Allemagne et la Grande-Bretagne s’y étaient opposées. L’une à cause des grandes entreprises agricoles issues du régime communiste, et l’autre à cause des grands propriétaires fonciers de sa noblesse.
La Commission européenne doit à nouveau mettre en chantier ces questions, y compris pour achever le découplage des aides des données de production, « que je n’ai pas pu obtenir à l’époque, ce qui pose justement des problèmes aujourd’hui », dit-il en visant la gestion des sols et les élevages qui n’entrent pas sous ces conditions.
Les aides directes font 2/3 du budget agricole européen et il n’y a pas de suppressions à prévoir, mais plus d’aides à l’environnement et aux programmes sociaux pour les petites exploitations. Il ne croit pas vraiment à l’adhésion rapide promise à l’Ukraine.
L’expérience montre qu’il faut de toute façon s’installer dans des perspectives à 20 ans, et que le plus urgent, le moment venu et après cette guerre, sera la reconstruction de l’Ukraine.
On n'y est pas encore, c’est le moins qu’on puisse dire…