carbonfarming 1On entend beaucoup parler du « carbon farming » depuis quelques temps, dans les milieux bruxellois, chez les écologistes européens, dans  la recherche agronomique, chez les spécialistes du climat etc.

De quoi s’agit-il ? De permettre aux sols agricoles, par des techniques spécifiques et l’utilisation de produits appropriés, d’absorber une plus grande quantité de CO2.

But ultime de cette initiative : permettre aux agriculteurs d’entrer sur le marché mondial du CO2, à un moment où celui-ci connait des évolutions positives. Le prix de la tonne de CO2 est actuellement situé à plus de 60 €/t, et les discussions sur les aides environnementales pour l’agriculture sont de plus en plus concentrées sur le sujet.

La demande de certificats de CO2 pour l’agriculture augmente, car beaucoup d’entreprises industrielles se sont engagées à en acheter pour atteindre leurs objectifs environnementaux, et la tendance est à l’augmentation des demandeurs. Elle conduit des exploitations agricoles à investir pour régénérer des terres et réduire les émissions.

Ces constats sont partagés par exemple par JB Morgan Chase IBM et d’autres, qui se sont engagées à acheter les premiers certificats. Mais aucune des entreprises ne veut de certificats qui ne répondraient pas clairement à leurs besoins de compensation de ses émissions de CO2.

Carbon Farming est engagé pour augmenter les qualités naturelles de l’humus pour la structure des sols et l’utilisation de l’air, mais surtout pour mieux utiliser son potentiel de stockage de carbone. Les techniques agricoles sont connues, car il y a de nombreux pionniers indemnisés aux USA, et maintenant en UE en collaboration avec des fournisseurs de l’agriculture.

Dans ses communications, la Commission européenne estime que ce potentiel doit être mobilisé par un système qui fonctionne dans l’industrie, en lançant les certificats négociables de baisse de CO2, tout en créant une nouvelle source de revenus agricole.

Selon elle on peut obtenir une baisse de 310 Mio t d’équivalents CO2 d’ici à 2030 dans l’agriculture et la sylviculture. Il faut que les agriculteurs aient accès le plus rapidement possible à ce marché. Ses propositions en forme législative seront faites pour le second semestre 2022, et durant l’année à venir un cadre juridique Carbon Farming sera proposé.

Leurs bases essentielles seront :
- les agriculteurs et forestiers doivent baisser le stockage de carbone plus que le niveau dit naturel, pour être indemnisés des couts des techniques nécessaire.
- l’indemnisation aurait lieu dans le cadre de la PAC réformée, augmentée de moyens nationaux et privés.
- il faudra standardiser surveillances, contrôles et comptes-rendus pour faire fonctionner un marché, qui doit se développer par volontariat.

Les inquiétudes et critiques émises du côté agricole restent prudentes à ce stade. Elles portent sur les points suivants :
- la mission première de l’agriculture reste la production alimentaire, face aux perspectives mondiales démographiques et de sécurisation de l’alimentation.
- le stockage de carbone ne peut être qu’une prestation complémentaire.
- l’agriculture voit d’un mauvais œil l’intégration du projet dans la PAC réformée, intégration à la fois financière et juridique. Les financements européens pourraient se faire au détriment de l’acquis de l’agriculture, donc à charge de celle-ci.
Par ailleurs l’introduction de la PAC dans les contraintes environnementales et les éco schèmes comporte des risques d’extension de jachères en cas dit d’urgence dans la lutte pour protéger le climat.

En attendant, la recherche-développement progresse assez rapidement. On annonce comme proche la mise au point, d’un humus artificiel à épandre, fait de déchets végétaux et d’eau sous des pressions variées, et d’un gel à épandre, obtenu à base de bois. AM

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François Landrieu

Fondateur de Socopag

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