L’approvisionnement en eau de la presqu’ile pose de plus en plus de problèmes à la Russie, qui l’a annexée en février 2014.
En ce mois de mars, la Russie fêtera à nouveau le « retour » de la presqu’île de Crimée en Russie. Ce territoire de l’Ukraine a été « ge-anschlusst » il y a 7 ans maintenant et Poutine va mettre en avant la construction de l’autoroute de Tawrida et le pont de Kretsch. Mais c'est le manque d’eau qui est dramatique pour la population de Crimée. C’est aussi un risque de guerre.
A cause du blocage d’approvisionnement à partir du territoire ukrainien - Kiev a fermé en 2014, après l’annexion, le canal de Nord-Crimée – et à cause du manque de précipitations, la presqu’île risque de se dessécher. Le président de la République de Crimée, Sergei Aksjonov, a ordonné d’économiser l’eau devenue précieuse.
Les lieux touristiques comme Yalta ou Alouschta, n’ont depuis des mois d’eau courante que pendant quelques heures. Les précipitations sont des plus maigres depuis trois ans. Les trop rares précipitations sont immédiatement absorbées par des sols desséchés, et rien n’arrive aux retenues d’eau. Il faut, selon Aksjonow, économiser l’eau pour que les touristes venant en été de Russie continentale puissent en disposer, et pour notre tourisme puisse ainsi gagner de l’argent.
Tout cela attisent les critiques qui soulignent que 7 ans après la « réunification » le principal problème de la Crimée, celui de l’eau, n’est toujours pas réglé. Pourtant le gouvernement russe avait décidé un plan d’environ 600 Mio € pour l’approvisionnement en eau de la Crimée. Il devait financer des puits et des réparations de conduites d’eau, et surtout des installations de dessalement d’eau de mer.
Avant l’annexion, 85 % des besoins d’eau de plus de 2 Mio d’habitants pouvaient être satisfaits à partir des eaux du Dniepr. Mais depuis la fermeture du canal de Nord Crimée, cette eau n’arrive plus dans la presqu’île. A la télévision ukrainienne, des spécialistes disent que la Russie n’arrivera pas à couvrir les besoins en eau à partir de sources en Crimée.
L’écologue Margarita Litwinenko, qui habite Sébastopol où la flotte militaire russe entretient une base très importante, indique que la nappe souterraine en Crimée est déjà descendue de 20-25 mètres, et que le dessalement de l’eau de mer seraient beaucoup trop cher. Les sanctions des Occidentaux empêchent en outre l’arrivée des technologies voulues. Les habitants indiquent sur internet qu’ils retiennent l’eau de pluie dans des récipients de toutes dimensions, y compris pour prendre l’eau qui coule des robinets quelques heures. Ce sont des informations très suivies à Kiev…
L’approvisionnement en eau fût constamment un argument en faveur de l’appartenance de la Crimée à l’Ukraine, et pas à la Russie. En 1954, Nikita Krouchtchev avait affecté la Crimée à la République soviétique d’Ukraine. Le droit international l’affecte aussi à l’Ukraine.
Le manque d’eau est encore accentué par la présence de plusieurs dizaines de milliers de soldats russes, indique Kiev. Et plus de 300 000 Russes civils seraient venus s’implanter en Crimée après l’annexion, selon la télévision ukrainienne – ce chiffre parait un peu excessif, il serait plus proche de 100.000. Des statistiques qui semblent dire : il ne pourra y avoir d’approvisionnement correct en eau sans le départ des Russes !
Les militaires ukrainiens sont inquiets de cette situation. Le contre-amiral Alexej Neischpapa, chef de la flotte ukrainienne, n’exclut pas une attaque russe sur le Sud de l’Ukraine à partir de la Crimée. La Russie pourrait s’ouvrir par la force l’approvisionnement en eau en Crimée. « Nous nous y préparons » dit-il. « Dès que la Russie assainira le canal, ce sera le signal crédible que la Russie prépare la grande confrontation ! »