Les larmes d’Alok Shalma, le président de la dernière séance de la COP26 étaient émouvantes, et disaient bien la déception générale.
De ce quasi naufrage, on peut cependant sauver deux décisions. Car la réduction des émissions de méthane et la fin ( ?) des déforestations constituent quand même deux engagements internationaux qui touchent l’agriculture à plus ou moins lointaine échéance.
Le président des Etats Unis, Jo Biden, s’est engagé à la Cop 26 pour la réduction des émissions de méthane, non pas sur le CO2. Il voit les fautifs des émissions de méthane essentiellement dans l’économie de l’énergie et pas tellement en agriculture.
Cette réduction est considérée comme pouvant rapidement améliorer l’évolution du climat. Plus de 90 pays se sont associés à cette initiative, mais qui concerne également l’agriculture, lors de la conférence de Glasgow, ville où a justement été lancée l’industrialisation, par l‘invention de James Watt de la machine à vapeur.
Il s’agit de limiter rapidement le réchauffement climatique à 1,5 ° par une réduction des émissions de méthane de 30 % jusqu’en 2030. Dans la petite centaine de pays signataires on trouve le Brésil et la Nouvelle-Zélande, grands émetteurs de méthane, mais pas la Chine, ni la Russie ni l’Inde. L’Australie refuse aussi de signer cette initiative, craignant des conséquences sur son agriculture. Dans l’un des partis au gouvernement australien on estime que la seule possibilité réaliser ces -30 % serait alors de tuer au fusil des bovins. L’Inde craint également des conséquences sur ses cheptels bovins.
On aurait toute de même souhaité une nouvelle évaluation scientifique de la dégradation du méthane dans l’atmosphère, contrairement à la stabilité du CO2, dégradation que des scientifiques situent à plus ou moins10 ans.
Aux USA et en UE la réduction convenue devrait se produire sans contraintes règlementaires nouvelles. Aux USA il y aura un programme d’aide aux farmers de la part de l’USDA, pour obtenir des élevages économes en émissions de méthane. Biden annonce aussi une décision nationale US pour des pénalisations élevées pour les entreprises qui émettent du méthane pour la production de gaz et de carburants.
Au Parlement européen on indique, dans l’avis sur la stratégie méthane de la Commission européenne, que les pâtures, mode d’élevage souhaité, conduisent toujours à des émissions de méthane. Il refuse donc d’aller vers une stabulation permanente, et table sur des additifs alimentaires et sur la sélection pour réduire la production de méthane dans les panses des ruminants.
L’initiative vise essentiellement le secteur de la production d’énergie, l’utilisation du charbon surtout. Elle indique que si tous les Etats s’engageaient sur les -30 %, le réchauffement climatique descendrait à +0,2 %.
Le second succès annoncé concerne les forêts. 105 pays promettent de stopper toutes les pertes, de toute forêt, jusqu’en 2030. La Russie, le Brésil et la Chine y participent cette fois-ci, y compris l’Indonésie, la plus grande exportatrice d’huiles de palme.
Les pays signataires disposent de 85 % des surfaces forestières mondiales. Le commerce contractuel de produits issus de surface non déboisées est encouragé. Il y aura création d’un fonds public de 10 Mds € pour des mesures de conservation des forêts. Le Brésil veut en finir avec les abattages de forêts tropicales pour 2028, c’est à dire deux ans avant cc qui est prévu.
A propos de ces initiatives Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU a laissé percevoir un certain scepticisme en déclarant que le plus facile de l’exercice a été fait, il reste maintenant à appliquer les décisions…
En fait il y a toujours deux conceptions de la protection du climat qui sont face à face. Les uns pensent que les techniques actuelles et futures vont permettre une économie plus favorable au climat sans que l’on renonce à des mobilités et autres acquis sociaux ; les autres souhaitent des contraintes et interdits rapides, sans lesquelles on ne pourrait pas éviter une catastrophe.
Même si l’agriculture n’est pas ni immédiatement ni directement visée, deux menaces planent sur elle : le plafonnement des élevages, dans le sillage de la diminution de la consommation de viandes, et l’extensification dans la gestion forestière jusqu’à laisser faire la nature, ce que l’on voit réapparaitre déjà plus fortement en UE. Ces initiatives renforceront les revendications et les pressions dans ce sens dans notre société.