C’est la crise pour les start-ups qui, il y a juste quelques mois, avaient tout misé sur l’avenir des protéines d’insectes. Pour les aliments animaux, rien n’est sans doute perdu, mais pour faire accepter le produit dans l’alimentation humaine, c’est beaucoup plus difficile qu’on le croyait.
Trois start-ups ont déjà mis les pouces cette année en Allemagne. Après tout un battage médiatique, elles n’ont pas pu confirmer leur présence dans la distribution alimentaire.
Ni les galettes des burgers, ni les barres, ni les pâtes ne se sont parvenues à s’inscrire dans l’assortiment des distributeurs.
Ceux-ci attendent maintenant que cette niche fasse la preuve de son potentiel réel pour s’y intéresser de nouveau. Ça prendra du temps...
Le marché des produits à base de protéines d’insectes a beaucoup déçu les attentes placées en lui. Il était pourtant clair – disent aujourd’hui des experts dont il faudrait quand même vérifier les dires initiaux - que ces protéines avaient une chance de convenir à l’alimentation animale et dans celle des poissons, mais vraiment aucune de prendre pied dans l’alimentation humaine!
Edeka, la première chaine allemande de distribution, dit maintenant ne pas croire aux chances actuelles de ces produits, et parle d’attendre la prochaine décennie, pour voir.
Il y avait, il y a un an, environ 15 producteurs de protéines d’insectes dans les pays de langue allemande, et il en reste moins de 10. Ceux qui ont été touchés sont ceux qui étaient référencés dans la distribution. Depuis le début de l’année, ont disparu de ces productions : Bugfondation, Insnack et Swarm.
On indique comme raison principale la pandémie et ses conséquences, le confinement et la fermeture des restaurants, qui n’ont pas encouragé à prendre des risques ou à constituer des stocks temporaires. Il n’y a pas non plus eu d’occasions d’améliorer l’offre, ni les produits eux-mêmes.
En réalité, il ne s’agit là que de causes secondaires. Trop d’entrepreneurs ont cru à des prévisions trop optimistes dans les années précédant le Covid. En fait, elles n’étaient concentrées que sur une clientèle de végétariens et de végans, mais pas sur les consommateurs de viandes. Des sondages donnaient 15% et plus de consommateurs possibles pour des protéines d’insectes.
De surcroit, il n’y eu que peu de produits offerts, et toute une offre de barres à base d’algues a été promue au même moment. Du coup, les clients se sont intéressés aux algues et ont tourné le dos aux insectes. Les ventres ont tranché contre les têtes !
On savait que la grande barrière serait évidemment l’aversion contre une telle consommation, et on connaissait aussi depuis longtemps la force des émotions dans ces décisions.
Du coup ceux qui avoient voulu ouvrir ce nouveau marché font maintenant profil bas. Ils cherchent à collaborer avec les écoles pour préparer des jeunes consommateurs d’avenir, d’autres tentent de commercialiser online Sens, Isaac ou Bento, des poudres protéinées où l’insecte ne se devine pas et qu’on peut mélanger avec d’autres préparations plus alléchantes. AM