C’est triste à dire, mais dans cette phase finale de la campagne électorale (on vote le 26/09), et alors que les grands débats télévisés se multiplient, on ne parle que peu ou pas de l’agriculture.
Pourtant c’est une élection particulièrement importante pour l’agriculture allemande, la fin de l’ère Merkel annonçant certainement un certain nombre de changements.
Toutes les grandes commissions nationales qui ont planché sur l’avenir de l’agriculture allemande ont pourtant souligné les transformations nécessaires dans cette agriculture, qui ne peut ni les maitriser, ni les financer seule.
Les agriculteurs auraient souhaité, dans ces moments un peu décisifs, plus de débats sur les pressions qu’ils subissent de la part de la société, et au moins une reconnaissance du travail et des efforts accomplis.
On remarquera aussi l’accentuation du sentiment de repli sur les problèmes nationaux, avec peu de références à l’Europe et à sa politique agricole commune, si ce n’est le conditionnement environnemental des aides directes.
Au demeurant, tous les partis politiques ont inclus un volet agricole plus ou moins explicite dans leurs programmes. Relevons ce qu’un agriculteur lambda allemand pourrait retenir d’essentiel.
- Pour la CDU/CSU, il trouverait en place centrale une loi-cadre sur le bien-être animal et sur son financement, dans la ligne des propositions couteuses de la commission Borchert (surtout plus de place et d’espace pour les animaux), accompagnée d’un label obligatoire « Tierwohl ». Pour l’Union les aides directes doivent garder un aspect d’aide au revenu.
- Le SPD se prononce contre les aides actuelles à la surface. Elles doivent à l’avenir être conditionnées plus fortement à des critères de protection de l’environnement, du climat, et des animaux.
- Les Verts sont d’abord pour une taxation des pesticides. Leurs prises de positions concernent essentiellement la réduction des pesticides et engrais pour protéger de la nature et le climat
- Les libéraux de FDP veulent diminuer progressivement les aides directes pour favoriser les investissements, la recherche, et des innovations.
- Pour AfD (extrême droite), c’est euroscepticisme généralisé qui prédomine, avec retour aux responsabilités nationales. Une bonne pratique agricole suffit pour protéger l’environnement et le climat, selon AfD
Si l’on procède ensuite à un examen plus transversal de tous ces débats, un observateur neutre saisirait au moins les problèmes les plus importants de cette agriculture.
- D’abord les élevages, massifs ou non, qui sont à réduire. Leur plafonnement, sec ou par voie de chargement à l’ha, les transports d’animaux et le bien-être animal, devenu outil de réduction des cheptels, sont en première place dans tous les partis, sauf pour AfD qui le met seulement en annexe.
- En seconde position se trouvent l’utilisation des engrais et des pesticides, la gestion de l’eaux, une meilleure protection de l ’environnement et du climat.
- Ensuite on trouve le foncier, et en particulier l’inquiétude devant la progression des investissements extérieurs dans le foncier agricole allemand.
- Les partis se préoccupent aussi d’un maintien, mais d’une meilleure répartition, ou d’une meilleure utilisation collective des aides directes agricoles.
- On retrouve aussi l’opposition aux OGM et la régulation du loup.
Tout cela était connu depuis pas mal de temps ! La question reste de savoir ce qu’une nouvelle coalition majoritaire fera.
Les derniers sondages :
SPD 25% (+5% par rapport à 2017), CDU-CSU 22% (-11%), Grüne 16% (+7%), FDP 11% (+1%), AfD 11% (-1%), Linke 6% (-3%).
La CDU-CSU resterait majoritaire dans les votes des agriculteurs, mais avec un recul de - 10 % sur 2017, et il faudra observer la migration de leurs votes vers les libéraux.