Maria Noichl (54 ans), allemande, bavaroise, députée européenne SPD, vient de formuler cette étrange proposition. Pour elle, les députés européens agriculteurs actifs ne devraient pas pouvoir participer au vote sur la politique agricole, car ils sont bénéficiaires directs de ladite politique et donc placés en situation de conflit d’intéret.
Achtung ! Maria Noichl n’est pas une députée européenne lambda, elle défend les positions agricoles du puissant SPD au Parlement européen, et appartient comme telle au Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates.
Sa voix porte donc quand elle explique qu’elle voudrait que certains votes aient lieu sans les députés agriculteurs, comme par exemple le financement des aides directes à la surface, pour que les décisions restent transparentes et libres de ces fameux conflits d’intérêts.
Elle cite parmi les élus visés par exemple Sarah Wiener, députée européenne d’Autriche et ex-top-chef, qui a touché plus de 350 000 € ; le rapporteur du Parlement européen Peter Jahr CDU avec plus de 110 000 € ; la famille de la députée CSU Marlene Morteler qui a reçu plus de 75 000 €, et Ulrike Müller (Electeurs Libres) avec une somme à cinq chiffres (Ndlr : tiens, il n’y a pas de député-agriculteur SPD dans le lot, pourtant il y en a, et pas seulement un ou deux…).
Noichl a été tout de suite accusée de mener une campagne de soupçon et de dénigrement contre ceux qui apportent leurs compétences au Parlement européen et dont l’expérience et la connaissance des sujets sont par ailleurs souhaitées.
En réalité, le seul argument de Maria Noichl qui pourrait porter est celui de constater que, dans les assemblées locales, ces abstentions se pratiquent déjà, dès lors que des intérêts propres ou des intérêts de proches sont directement en cause. Passons sur les problèmes de droit et de représentation démocratique que sa proposition pose, ainsi que sur les autres moyens de moraliser les prises de décisions.
Certains s’amusent, bien sûr, à pousser le raisonnement jusqu’au bout : pourquoi ne pas appliquer une telle mesure aux médecins, avocats, entrepreneurs, artisans, fonctionnaires etc. dès lors que les textes votés pourraient les concerner ? De même pour tous les syndicalistes de tous les secteurs, et même ceux qui l’ont été avant d’être élus députés.
Au fait : les députés membres d’une ONG pourraient-ils encore voter sur la protection de l’environnement ? Pas sûr… AM