Décédé le 28 mars dernier à 96 ans, Pierre Mazeran joua un rôle majeur dans la mise en œuvre des politiques de l’élevage pendant 40 ans, entre les années 50 et 90.
Né dans une ferme ovine sur les contreforts du Larzac dans l’Hérault, il consacra l’essentiel de sa vie professionnelle aux organisations agricoles.
Jeune ingénieur agronome, il fut remarqué par Henri Canonge, le directeur de la Confédération générale de l’Agriculture qui regroupait l’ensemble des organisations agricoles après guerre et dont il devint un proche collaborateur.
Quelques années plus tard, il pris la direction de la Fédération nationale ovine puis celle de l’Institut de l’Elevage bovin (Iteb) en 1967 où son chemin rencontra celui de Marcel Bruel, le grand responsable professionnel de l’élevage, dont il devint l'un des principaux hommes de confiance à Paris.
Par rapport aux productions végétales et pour ce qui était de la puissance syndicale et du poids politique, l’élevage était à la traîne dans les années 50 et 60. Pierre Mazeran partageait avec Marcel Bruel la même volonté de doter ce secteur d’organisations solides pour faire jeu égal avec les céréaliers dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques agricoles.
Ainsi, au début des années 70, il fut à l’origine de la création de la Maison des éleveurs située rue de Bercy à Paris, à deux pas de l'acteul ministère de l'Economie et des Finances. La "MNE" regroupe alors l’ensemble des organisations syndicales de l’élevage (lait, bovin viande, porc, ovin) et les instituts techniques bovins (Iteb), ovins (Itovic) et du porc (Itp), aujourd’hui Idele pour les ruminants et Ifip pour le porc.
Pierre Mazeran avait la responsabilité de l’ensemble de ces structures au sein de la Confédération nationale de l’élevage tout en assurant la direction de la Fédérations nationales bovine, ovine et porcine. En revanche, il était plus réservé sur la création des Interprofessions privées et d’Interbev en particulier, jugeant qu’il était préférable de renforcer le pouvoir des Offices par produit, plutôt que de créer de nouvelles structures.
Militant socialiste dans un milieu qui ne l’était pas, ce qui lui valut quelques déboires au sein de la grande maison FNSEA, Pierre Mazeran fut appelé au cabinet d’Edith Cresson en 1981 comme conseiller en charge de l’élevage. La chronique dit même que c'est lui qui, en 1981, emmena la ministre à son ministère pour la première fois, dans l'ignorance où elle était de l'emplacement de l'hotel de Villeroy, où le ministère était pourtant installé depuis un siècle très exactement.
En 1983, Edith Cresson lui confie la direction de l’Ofival, l’Office du bétail et des viandes, nouvellement créé par la gauche et dont il fut une cheville ouvrière. Une consécration pour celui dont l’engagement professionnel et le dévouement à la cause de l’élevage n’ont jamais été démentis.
Pierre Mazeran laisse le souvenir d’une personnalité discrète et affable, douée d’un sens politique certain qu’il sut mettre à profit dans ses activités professionnelles de lobbying.
Ses obsèques ont eu lieu le mardi 13 avril au crématorium du Père Lachaise. L’Agence de presse Socopag s’associe à la peine de sa famille et de ses proches et leur présente ses sincères condoléances. MB