Le plafonnement ou la dégressivité des aides directes dans la future PAC constituent la crainte des grandes exploitations de l’Est allemand. Pas aussi simple que certains le décrètent !
Les grandes exploitations sociétaires de l’ex RDA, issues de la reconversion des LPG de la « sogenannte », sont-elles économiquement plus efficaces que les exploitations individuelles ailleurs en Allemagne ? Mieux loties, méritent-elles les aides directes sans plafonnement ou dégressivité ?
La discussion envahit régulièrement le débat politique en Allemagne, et c’est encore le cas actuellement. Un coup d’œil sur le réseau d’exploitations-tests qui existe au ministère de l’agriculture BMEL donne un éclairage un peu moins simpliste du plafonnement des aides et corrige même les certitudes de certains économistes.
Dans ce réseau, les grandes exploitations ont en moyenne sur 10 ans, 1.151 ha, dont 2/3 en location. Les exploitations individuelles ont 92 h avec la moitié en location. On constate tout d’abord que sur une moyenne de 10 ans, le capital engagé dans ces grandes exploitations ramené à l’hectare est de 20 % inférieur à celui engagé par les autres catégories d’exploitations individuelles ; et leur capital purement technique n’est même pas la moitié de celui engagé par les exploitations individuelles.
Leur problème est le niveau élevé des couts salariaux avec 532 € aux 100 ha en moyenne décennale. Dans les exploitations individuelles, ils ne sont même pas de moitié avec 200 €/h. Dans les grandes, on tient 68 UGB/100 ha et dans les individuelles 136 UGB/100 ha. Il y a dans les grandes 18,6 UMO et dans les individuelles 2,3 UMO dont 60% de main d‘œuvre familiale. Cela fait 1,7 UMO/100 ha pour les grande et 2,7 Umo/100 ha pour les individuelles. Passons sur des comparaisons techniques pour ne relever que des rendements en céréales et en lait, très proches.
Que signifient ces chiffres ? D’abord ce que l’on savait depuis longtemps, à savoir que c’est une agriculture essentiellement céréalière. Les revenus agricoles par UMO en moyenne sur 10 ans, de 36700 € et 33 100 €, ne révèlent qu’environ 10 % d’écarts entre les exploitations individuelles et les exploitations Est-allemandes.
Mais la part des aides dans le revenu d’exploitation est de 46 % sur 10 ans dans les exploitations individuelles, et de 60 % dans les grandes exploitations de l’Est. Celles-ci subiraient donc plus fortement dans leur revenu d’exploitation toutes les restrictions sur les aides, plafonnement ou dégressivité. Leurs réactions à ces baisses ne pourraient être que : diminuer le nombre de salariés, ou diminuer les élevages qui restent. AM