On se boude, on s’interpelle, on se conteste, on s’interroge : le courant ne passe pas entre les deux pôles politiques du « Trilogue », le Parlement et le Conseil – pour le moment la Commission compte les points. Ou plutôt si : le courant passe, mais sous forme de décharges un peu brutales et agressives.
Dans le dernier round des négociations sur la PAC, les parlementaires européens ont reproché son « inflexibilité » au Conseil des ministres de l’agriculture, qui reste sourd aux demandes des députés. Lesquels sont devenus chatouilleux, car non seulement le Conseil les ignorent, mais en plus la présidente portugaise les snobe : elle n’est venue qu’une seule fois à leurs réunions, pour se présenter avec un grand sourire et une déclaration de pure politesse, et depuis plus rien.
Concrètement, le Parlement européen voudrait fixer un maximum et un minimum pour les participations aux programmes de développement rural : le Conseil des ministres n’en veut pas. Le Parlement voudrait une unification de l’aide directe à l’hectare au sein d’un même Etat membre, c’est à dire quitter les références d’il y a 20 ans : le Conseil n’en veut pas et propose seulement d’accepter une convergence interne limitée.
Les deux, Parlement et Conseil, sont d’accord pour financer les nouvelles installations à un âge supérieur à celui des jeunes agriculteurs, mais ne sont pas encore d’accord sur la part des aides directes à y consacrer. Le Parlement voudrait introduire un plafonnement obligatoire des aides directes, et des critères de respects des droits sociaux pour les salariés agricoles, saisonniers notamment. Derrière leurs masques anti-covid, les ministres font déjà la grimace… AM