Klockner 5La ministre de l’agriculture Julia Klöckner a défendu la semaine dernière devant le Bundestag sa stratégie de minimisation de l’utilisation de cet herbicide. Minimisation, sans doute même minimisation « massive », mais pas interdiction, comme elle et Angela Merkel en avait annoncé l’échéance prochaine en avril dernier. On peut en tout cas constater que cette stratégie de limitation contrecarre les demandes d’interdiction totale formulées par différents partis et mouvements écologistes. Une interdiction totale, a plaidé la ministre, ne serait pas compatible avec le droit européen.

Elle a énuméré les cas d’interdiction d’utilisation qui seraient strictement appliqués, comme l’interdiction faite aux personnes privées sans avoir fait preuve de leurs connaissances techniques d’utilisation du glyphosate, l’utilisation sur des surfaces publiques comme les terrains de sport ou les écoles, l’utilisation dans des écosystèmes sensibles etc…

Julia Klöckner veut en outre fermer quelques lacunes dans les règles de protection des eaux courantes. L’utilisation du glyphosate a baissé de 33% ces dernières années selon le BMEL. Les demandes de la FDP, de Linke et des Verts visant une interdiction totale, n’ont donc pas trouvé de majorité au Bundestag. AM

tulip 2Des résultats faibles, et des problèmes dans sa filiale Tulip en Grande-Bretagne, obligent DC à un programme de réduction de ses coûts. Le groupe va devoir économiser 47 mio € durant l’exercice en cours, en diminuant de 300 à 400 postes le nombre de postes de travail. Quelques consultants, hors de prix comme tous les consultants, ont été priés de cesser d'envoyer leurs factures.

Les difficultés viennent surtout de Grande-Bretagne et de Tulip, pour laquelle une réduction de 150 postes de travail a déjà été décidée, avec un objectif d’économie de 20 Mio €. Les couts dans cette filiale restent trop élevés, malgré quelques bons contrats, ce qui rend nécessaire de nouvelles économie, et une augmentation de son efficience. 

Tulip souffre également au Danemark selon les responsables DC, entre autres de la concurrence dans la distribution, de la bataille autour des porcs en Allemagne, et de la concurrence des abattoirs espagnols aux salaires plus bas.

Danish Crown constate que les prix de la viande porcine sont sous pression en UE à cause de la crainte de la PPA. Tous les abatteurs vendent rapidement les viandes alors qu’à cette saison on constitue normalement des stocks. AM

Rappel : Danish Crown emploie 29 000 personnes dont 9 000 au Danemark et 7 000 en Grande-Bretagne. Le CA est de 61 MD DKK (8,3 MD €). La société transforme 23 mio de porcs, dont 13 mio au Danemark. Elle contrôle à 100% les sociétés Tulip Food Company et Tulip Ltd , Ess Food, Plumrose USA, Sokolov, Dat Schaub. La filiale Danish Crown France est située à Orléans, elle a réalisé en 2017 un CA de 109 mio.

sucre glyphosateDes chercheurs de l’université allemande de Tübingen ont isolé dans une algue d’eau douce un sucre capable de détruire les mauvaises herbes par un mécanisme proche de celui du glyphosate.

La molécule de sucre, de structure simple, est constituée de cyanobactéries, elle inhibe la croissance de plantes et reste inoffensive pour les humains et les animaux.
Contrairement à d’autres hydrates de carbone qui servent de sources d’énergie pour la croissance, ce sucre inhibe le développement de plantes et de microorganismes comme les bactéries et les levures.

Dénommée « 7dSh », cette molécule bloque une enzyme de la voie dite de Shikimat. C’est un métabolisme que l’on ne trouve que dans les micro-organismes et les plantes. L’un des plus connus de ces inhibiteurs jusqu’à présent, est justement le glyphosate, si fortement contesté. Le sucre découvert est une substance naturelle ave une bonne capacité de dégradation, et toutes les chances de devenir un herbicide naturel.
Les chercheurs travaillant autour du professeur Klaus Brilisauer engagent maintenant les essais de longue durée, pour tester l’efficacité en plein champs, la dégradation dans les sols, l’écotoxicité éventuelle, et l’inoffensivité pour les humains et les animaux. Leur découverte a été publiée dans la revue scientifique « Nature Communications ». AM

parlement europeenCette avalanche va à elle seule compromettre l’avancement des travaux du Parlement. Et en plus ce dernier, qui va changer après les élections de mai, pourrait ensuite reprendre tout le dossier !

Le calendrier de la réforme est déjà bousculé par d’autres avatars. Il faut maintenant que le projet de directive de réforme progresse vers un résultat encore incertain, à travers 5 000 amendements. C’est un travail herculéen pour la commission de l’agriculture du Parlement européen, et les chances d’arriver à une prise de position avant les élections de mai s’amincissent. Il faudrait tout boucler en quelques semaines et c’est strictement impossible.

Le plafonnement des aides directes tient la vedette dans ce paquet d’amendements. La rapporteuse Esther Herranz Garcia propose à la place de la proposition de la Commission d‘un plafond de 60 000 €/exploitation, un plafonnement facultatif à partir de 150 000 €.

Les Allemands rejettent tout plafond obligatoire, et soutiennent un plafonnement facultatif. La présidence roumaine veut supprimer totalement le plafonnement. Le COPA/COGECA est opposé au plafonnement obligatoire

Dans les rangs des soutiens au plafonnement, on devient pessimiste, la commission n’étant pas sur un bon chemin, et l’on ne pense plus arriver à un consensus jusqu’en mars.
Le Parlement européen pourrait effectivement encore arriver à un avis, si la commission de l’agriculture trouvait un accord pour ses réunions des 6 et 7 mars. Mais on en est loin…

De toute façon, la délégation française veut éviter un vote du Parlement quatre semaines avant les élections européennes, et la présidence roumaine fait tout pour que le plafonnement échoue.
Le nouveau Parlement élu ne sera pas tenu par les décisions de la commission de l’agriculture. Si bien que les nouveaux parlementaires, quand ils seront élus, pourraient décider de redérouler tout le dossier. AM