Ce salon, qui se veut le plus grand du monde pour les produits de consommation bios, s’est tenu entre le 26 et le 29 juillet à Nuremberg. Il aurait dû avoir lieu en février, mais la corona-pandémie l’avait fait déplacer en été.
Les signaux politiques émis à cette occasion se veulent clairs : l’objectif de 30 % de bio en 2030 doit être maintenu! C’est la position des organisations du bio et celle du ministre de l’Agriculture Cem Özdemir.
Les divergences demeurent sur les actions à engager pour arriver à ces 30 % de bio dans l’agriculture allemande. Tonalité générale : il faut plus d’aides, à tous les niveaux. Les bios considèrent que cet objectif fixé dans le Farm to Fork est atteignable, une vue confirmée par le BÖLW (Bund Ökologische Lebensmittelwirtschaft), l’organisme fédéral de toute l’économie alimentaire bio. Mais on regrette l’absence des seules mesures qui pourraient convaincre les agriculteurs et les négociants de s’engager plus avant dans la production bio, c’est-à-dire… des aides supplémentaires.
La position fondamentalement favorable à la reconversion au bio ne peut pas se traduire suffisamment dans les faits, à cause des conditions générales peu claires. Les clients, en tout cas, maintiennent pour le moment leur fidélité au bio dans leurs habitudes de consommation, en dépit d’une conjoncture de forte augmentation des prix alimentaires. Ils montrent le chemin, déclare-t-on au BioFach.
Le ministre Cem Özdemir a confirmé que lui-même, ainsi que la coalition gouvernementale, continuent à tenir au maintien de l’objectif 30 % de bio. A l’heure actuelle un peu moins de 11 % de surfaces allemandes sont en bio. Le BÖLW continue à voir un potentiel important de pouvoir d’achat pour du bio.
Le ministre est plus critique au sujet des débouchés de produits alimentaires bios dans les rayons de la grande distribution. Pour que le lait bio, les légumes bios ou le pain bio de nos producteurs trouvent des clients, il faut maintenant développer le marché, selon lui. Sa solution est dans l’extension de la part du bio dans la consommation hors-ménages : restaurants, cantines scolaires ou d’entreprises. C’est une orientation dans laquelle on travaillera, dit-il.
Sur ce point le BÖLW est largement d’accord et il voit, dans la consommation hors-ménages, un potentiel important de débouchés pour des aliments bios. Actuellement, la part du bio n’y est que de 2 %. L’Etat doit prendre rapidement les mesures règlementaires pour soutenir ces cuisines dans leurs reconversions. L’Etat est au défi de réaliser au moins 50 % de bio dans ces cuisines.
Il faut en outre des crédits de reconversion plus importants pour la reconversion des exploitations agricoles dans le cadre de la nouvelle PAC. Özdemir dit « comprendre l’impatience » d’une branche qui souhaite avancer plus vite vers les 30 %. Son objectif est de remplacer les aides directes après 2027 par un système de rémunération des prestations pour la défense du climat et de l’environnement
Bref : on dira ce qu’on voudra mais, pour le bio, ce n’est plus la marche en avant triomphale ! Il y a encore quelques mois, il fallait pour développer ce secteur bio des aides à la production. Mais maintenant il faudrait en plus des aides à la consommation ! Des aides, des aides, des aides ! C’est un langage dont on n’a pas la même habitude en Allemagne qu’en France, et qui passe encore mal. AM