Au plan international ce freinage date déjà de 2019. Avant cette date la production de biodiesel avait atteint un doublement en 10 ans, à 48 Mrds de litres. L’UE est le premier producteur de biodiesel. Dans les années 90, on a commencé la transformation du colza en excédent en biodiesel. Depuis, les capacités de production de biodiesel se sont développées aux USA et en Amérique du Sud, où on les utilise en régulateurs de marchés.
Le bioéthanol reste dominant, il avait atteint en 2021 124 Mrds de litres. Les volumes les plus élevés de bioéthanol proviennent des USA, qui envoient un tiers de leur récolte de maïs dans les usines de production d’éthanol.
En seconde position on trouve le Brésil qui utilise la canne à sucre. L’UE en produit comparativement peu, à partir de blé, de seigle, d’orge, de maïs et de sous-produits de sucreries.
Depuis l’attaque russe sur l’Ukraine, la rareté réapparait sur les marchés de produits alimentaires, et le débat « assiette contre tank » connait une nouvelle édition.
Les énergies renouvelables doivent maintenant protéger le climat, et répondre aux restrictions énergétiques issues de la guerre en Ukraine. En plus, des gouvernements tablent de plus en plus sur des alternatives comme l’électromobilité ou sur l’hydrogène.
D’un coup on se retrouve en situation dans laquelle l’alimentation doit rester prioritaire, et une baisse des biocarburants parait inéluctable. Quand on ne perçoit plus l’utilité de transformer des céréales, ou des huiles végétales en biocarburants, il y aura aussi perte, ou diminution, de possibilités pour l’agriculture. Ce sont 9 % des céréales qui vont aux biocarburants, et 15 % des huiles végétales.
Le prix des matières premières alimentaires explosent, tout comme leurs couts. De surcroit, les producteurs canadiens viennent d’opter plus largement pour les cultures de céréales que pour le canola, et l’Indonésie bloque ses exportations d’huile de palme.
Evitons d’ironiser sur les changements de position des Verts, allemands en particulier. Les biocarburants ont toujours été des marchés très politiques. Mais il faut prendre conscience qu’il y a 30 ans, on utilisait des excédents pour fabriquer des biocarburants,. C’était la période des stocks de céréales, des lacs de lait ou des montagnes de beurre, et même d’excédents de colza !
Puis les jachères régulatrices de production ont disparu, les stocks ont fondu, mais les capacités de production de biocarburants ont continué à augmenter. Actuellement il ne s’agit plus d’utiliser des excédents pour fabriquer des biocarburants. Grâce à eux on veut réduire les émissions de gaz à effets de serre, et protéger le climat.
Mais la production de biocarburants garde en gros les mêmes sources de matière première, et en encourent de ce fait les critiques connues. La guerre en Ukraine et les problèmes du pétrole et du gaz ne font que rendre l’alimentation encore plus prioritaire. Les programmes de reconversions énergétiques ne sont plus vus prioritairement à travers les biocarburants, dont on craint les conséquences négatives à la fois sur l’environnement et surtout sur la sécurité alimentaire. AM