Les églises chrétiennes sont parmi les plus gros bailleurs de terres agricoles d’Allemagne. Les églises protestantes louent à des agriculteurs 310 000 ha, dont 170 000 ha dans l’Est allemand. L’Eglise catholique dispose de 200 000 ha mis en fermage dont 10 000 à l’Est. Les institutions religieuses d’outre-Rhin ont donc une influence sensible sur les tarifs des baux agricoles et même sur le choix des fermiers. .
Contrairement au passé, la fixation du montant des fermages et le choix des fermiers par les églises s’effectuent selon des critères économiques, écologiques et d’appartenance religieuse. L’importance et la transparence de ces critères sont de plus en plus en discussion, avec une intensité variable selon les régions.
Les églises locales instaurent de plus en plus un système à points pour l’attribution des baux. Mais dans certaines régions, les fermages demandés restent supérieurs à la moyenne, ce qui entraine l’accusation d’être à l’origine de renchérissements.
Pour certaines églises protestantes locales, bien qu’elles aient décidé de rester de 10 à 20 % en -dessous de la moyenne des baux, on obtient plus de points pour une offre supérieure à celle demandée… ce qui est dénoncé comme une politique d’argent avant tout. On trouve des baux jusqu’à 900 € du côté de Cloppenburg, le grand centre allemand des élevages hors-sol.
Les fermages demandés à l’Est restent inférieurs à ceux de l’Ouest, entre 157 et 313 €/ha, contre 220 à 546 €/ha à l’Ouest. Les baux ont une durée de 12 ans, avec possibilité de révision du fermage à mi-parcours. Dans l’Est allemand les recettes du fermage peuvent représenter jusqu’à 20 % du budget paroissial. Ce taux est plus faible dans l’Ouest allemand où l’on encaisse plus d’impôts d’église. Les critères de choix des fermiers sont contestés, et l’on n’est qu’au début de la contestation.
Car certaines organisations agricoles, surtout d’agriculture paysanne et bio, veulent une meilleure prise en compte de critères sociaux et écologiques pour l’attribution des fermages..
Les critères qui sont couramment retenus prévoient, au-delà de l’offre financière, que le candidat peut obtenir des points supplémentaires pour l’attribution grâce à une conduite écologique de son exploitation, la régionalité, le nombre de places de stagiaires sur l’exploitation. Mais aussi à son appartenance religieuse.
La prise en compte des critères économiques et sociaux n’est pas trop contestée, en revanche les critères écologiques le sont très fortement. Les églises, dit-on, n’ont pas à dicter aux exploitants la façon dont ils doivent cultiver les terres. Elles n’ont pas à prendre position sur les formes d’entreprises, ni à faire de la politique agricole à travers leurs baux contre les élevages dits de masse, ou l’agriculture dite industrielle. Les églises doivent attribuer à ceux qui exploitent correctement, sans privilégier les bios, au détriment de ceux qui ont formé les paysages actuels depuis des siècles.
On constatera que les églises allemandes, gros propriétaires terriens, font l’expérience que l’attribution de fermages entraine toujours des contestations, car la demande de terres de la part de tous agriculteurs reste toujours très forte, et le non-renouvellement d’un bail est toujours considéré comme une sanction. Les églises n’ont pas forcément vocation à gérer ces types de contestations, entend-on parfois. AM