L’Allemagne prend la présidence de l’UE au 1er juillet et pour six mois. La chancelière allemande vient de dire clairement qu’elle voulait mener à bien des réformes.
Dans sa déclaration gouvernementale devant le Bundestag la semaine dernière, il apparait que la présidence allemande veut faire avancer le Green Deal, qui doit rendre la croissance plus durable, y compris en agriculture. Mais cette présidence risque d’être limitée par les divergences nationales allemandes entre la politique agricole et la politique de l’environnement au sein même d’un gouvernement de grande coalition.
La chancelière peut-elle réunir les divisés européens, divisions dues aux endettements de certains Etats, et au non-respect de l’Etat de droit dans d’autres. Probablement une augmentation de la participation allemande au budget européen l’y aidera. Elle a souvent pratiqué cette solution pour combler des fossés politiques passés, et elle s’est réservée cette possibilité bien avant la crise Covid 19.
La présidence croate qui finit son mandant a été terriblement freinée par la pandémie. Elle n’a pas pu véritablement faire avancer la réforme de la PAC, car dès le départ les ministres de l’agriculture avaient affirmé que, sans sécurité financière, ils ne concluraient pas la réforme. Puis à partir de mars, la pandémie a tout paralysé. Il ne restait aux Croates que de régler la question de l’année de transition 2021, pour ne pas entrer dans des débats insolubles à ce moment-là.
La Commission voulait limiter cette transition à un an, pour faire pression en faveur d’une solution rapide. Une partie des ministres voulait 2 ans de transition entre ancienne et nouvelle PAC. La décision tomba finalement pour un an… avec possibilité de prolongation.
Le Parlement européen avait indiqué qu’il considérait que les plans stratégiques nationaux ne pouvaient pas être bouclés pour la fin 2021, et il se prononcera probablement pour deux ans.
Reste à savoir si, après la pause estivale, les réunions physiques seront possibles avec les fameuses « distanciations sociales » voulues, qui poseront également à des problèmes dans les bâtiments de Bruxelles
La présidence allemande veut concentrer son action sur les deux points importants : le financement pour les années à venir, de concert avec le programme de relance consécutif à la crise du coronavirus, et la PAC. Avec un budget agricole pour le moins stable, la ministre allemande de l’agriculture Julia Klöckner aura un parcours un peu plus facile, même si sa présidence sera encore marquée par la pandémie. Par exemple, la rencontre informelle de Coblence sera écourtée, si tant est qu’elle ait lieu. D’une manière générale, les vidéo conférences ne sont pas la meilleure solution pour les contacts entre ministres.
Cela fait 2 ans que l’on discute de la réforme de la PAC, avec peu d’avancées. Pourtant la majorité des ministres de l’agriculture acceptent les propositions d’attribuer plus de marge de manœuvre aux Etats, c’est à dire un catalogue européen dans lequel les Etats puiseront. Mais dans le détail les opinions des ministres divergent. La moitié du Conseil, avec la France et l’Allemagne, veut lier les aides directes plus fortement à des contraintes environnementales. Les éco-schèmes devraient aller plus loin que le verdissement passé, et intégrer des éléments de Farm to Fork et de la stratégie Biodiversité.
L’autre moitié du Conseil ne veut pas de règles écologiques obligatoires, ni d’un budget minimum pour cela. Il appartient à Klöckner de rechercher une unité. Elle aura donc à présider une recherche de solutions à la fois pour la période de transition et pour la réforme de la PAC. L’Allemagne défend l’option d’un budget minimum pour les actions en faveur du climat et de l’environnement, afin d’éviter un dumping sur les standards environnementaux.
Elle vise un accord pour octobre, afin de pouvoir ensuite engager les discussions en trilogue. Peut-être la période de présidence allemande ne sera-t-elle pas suffisante, et alors les Portugais qui prendront la présidence au 1er janvier 2021, devront conduire la PAC à bon port.
Et pendant ce temps-là, préoccupation supplémentaire et majeure, les négociations sur le Brexit avec le Royaume Uni enregistrent échecs sur blocages. Bonne chance, l’Europe ! AM