Le mouvement agricole allemand « Land schafft Verbindung » n’exclut plus de devenir un parti politique en Allemagne, et recherche des contacts en Europe : en France, en Belgique, aux Pays-Bas, au Danemark, en Pologne, en Autriche et dans les République Baltes, selon les déclarations dans les médias sociaux de Dirk Andresen, l’un des porte-parole du mouvement (l’autre est Sebastian Dickow).
Comme positions de base communes d’une organisation européenne, il voit l’opposition aux accords de type Mercosur, et un front commun face au Green Deal d’Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne. Il parle même d’une date de manifestation commune à Bruxelles, le 25 mars prochain.
« Malheureusement, les autres pays ne sont pas encore aussi organisés qu’en Allemagne » constate-t-il. Il réfute surtout tout idée de « déclin du LsV », comme l’ont dit certains après le sommet atteint avec les manifestations de novembre dernier à Berlin.
Il sait bien que l’on ne peut pas attirer en permanence l’attention des médias, par des temps de virus corona, ou de migrants. « Mais nous y résisterons et nous survivrons à cela » dit-il. Quant à la baisse actuelle des courants commerciaux mondiaux le LsV estime que « c’est une aide pour défendre l’autosuffisance ». « Je juge la politique aux résultats, et ceux-là me manquent. Où est le contrat de l’agriculture avec la société, contrat qui a été promis depuis des années ?
Les tonalités antimondialistes de ce mouvement deviennent de plus en plus claires avec les projets d’extension en Europe. Étaient-elles perceptibles dès qu’il y a eu division du mouvement entre « Original » et le « LsV Deutschland » d’Andresen ? Ou bien sont-elles plus audibles depuis qu’ « Original » a été doublé ?
Sur le plan purement agricole, LsV a réussi à mettre au premier plan en Allemagne les questions concernant le réseau de prélèvements pour les analyses d’eau, devenu un système de condamnations collectives de l’agriculture, surtout à travers de grands zonages de pénalisation dans l’emploi des engrais. Il faut revoir ce réseau, et de plus en plus de Länder allemands s’y engagent et veulent revenir à un système dit pollueur/payeur qui prend mieux en compte les efforts individuels faits.
C’est valable pour d’autre pays ! Mais rejeter toute la nouvelle règlementation des fumures est un cul de sac. On ne peut pas la classer ad acta, comme le veut LsV maintenant. Par ailleurs faire la promotion de produits régionaux n’est pas nouveau non plus. L’apparition dans ce mouvement d’un langage anti-global, est plus nouveau…
Les agriculteurs allemands ont à nouveau manifesté cette semaine à travers toute l’Allemagne.
A l’appel de „Landwirtschaft schafft Verbindunge“(LsV) et de son leader Dirk Andresen (photo), ils ont surtout bloqué des dépôts centraux des distributeurs alimentaires, des bureaux du ministère de l’Environnement dans divers Länder, et classiquement des routes et nœuds de communications.
« La politique ne nous a pas encore compris, alors nous augmentons la pression » disent-ils. Leurs principales revendications sont maintenant connues :
-Suspendre le renforcement de la règlementation des fumures, et revoir tous les rapports sur les nitrates qui sont, selon eux, non seulement contraires à la pratique agricole mais également contraires à la directive nitrates.
-Il faut assurer une production alimentaire allemande, car la politique actuelle met en cause l’existence régionale de l’agriculture et ses emplois. Les productions importées ne respectent pas les standards allemands de qualité, et la crise sanitaire en cours montre que les chaines d’approvisionnement actuelles sont fragiles. Elles ne protègent pas les productions régionales.
- La commission pour l’avenir de l’agriculture promise par la Chancelière est quasiment oubliée. Elle doit devenir effective, et élaborer en commun des propositions de solutions agricoles, dans un cadre général
Andersen a condamné d‘avance toute radicalisation dans le mouvement. Il a ainsi répondu aux avertissements venus du côté des politiques et du ministère de l’agriculture, qui visaient surtout le climat qui règne à ce sujet dans les réseaux sociaux.
Autre point à relever : LsV a créé un sous-groupement en Bade-Wurtemberg, le fief de Joachim Rukwied le président du DBV. Ses responsables déclarent vouloir travailler avec le DBV, mais sans perdre leur indépendance.
La ministre de l’agriculture bavaroise Michaela Kaniber (CSU, photo) a l’oreille fine et dit tout haut ce que certains pensent encore tout bas.
« On entend dans LsV de plus en plus de paroles d’AfD » dit-elle (AfD, Alternative für Deutschland, l’extrême droite allemande).
LsV Bavière, la traite de diffamatrice et autres gentillesses…
Mais la ministre Kaniber persiste et signe en constatant que depuis un certain temps, il y a un langage clairement AfD dans les manifestations agricoles et que dans les médias sociaux, l’AfD se mêle ouvertement au mouvement des agriculteurs. AM