Mais les négociations vont être longues, et difficiles. Celles-ci sont traditionnellement tirées en longueur, mais celles qui viennent de s’engager le seront sans doute encore plus, car il s’agit de combler les conséquences du Brexit, dans une conjoncture bien différente de celles qui existaient lors des négociations budgétaires passées.
Le récent Sommet a discuté sur la base d’une proposition de compromis de la présidence du Conseil européen, désormais présidé par Charles Michel, l’ancien Premier ministre belge, qui a été porté à ce poste le 1er décembre dernier. Et il y est beaucoup question du budget agricole. Celui-ci était envisagé depuis longtemps comme une masse de manœuvre.
Le président français Emmanuel Macron a obtenu, ce que beaucoup n’espéraient plus, que le budget agricole européen ne soit plus purement et simplement cette masse de manœuvre. Par rapport aux propositions de la présidence Michel, il est même arrivé à faire augmenter les aides directes !
En fait qu’a-t-il obtenu, si on ne part pas des bases de la proposition de compromis, mais bien de la situation budgétaire actuelle ? Il a obtenu que les aides directes ne soient plus diminuées que de -0,5 Mrd € au lieu de la diminution de -5 Mrds dans la proposition Michel.
Le financement du 2e Pilier PAC est resté à la proposition de compromis, soit 74,4 Mrds €, au lieu des 83 Mrds actuels, soit -10 %. Il est probable que le président français aurait bouclé la décision à ce niveau s’il n’en tenait qu’à lui. Les Etats membres auraient pu combler plus facilement les sacrifices au second pilier.
Comme il y a eu rejet du compromis, tous les acquis sont théoriquement caducs. Mais ce qui est important, ce sont les repères qui ont été plantés pour les prochaines négociations, et qu’il sera des plus difficiles de renverser ! Le président français a obtenu qu’on ne touche pas aux aides directes. Le financement du second pilier PAC reste seul en ligne de mire pour un accord 2021/2027.
Il faut relever aussi que le président français a rencontré une attitude un peu plus favorable à l’agriculture de la part de certains pays membres, du moins si on la compare à celle qui leur était habituelle dans les discussions de financements.
Tout cela, à cause des manifestations agricoles qui se sont multiplié depuis l’automne dernier ? Un peu, et même un peu plus, si l’on considère que tous les gouvernements ont déjà assez à faire avec leurs opinions publiques fragilisées, pour n’avoir pas le désir d’affronter aussi leurs paysanneries. En tout cas les perspectives de financements de l’agriculture pour les sept ans de la nouvelle étape financière européenne se présentent mieux que ce que l’éloignement de Londres laissait craindre. Et, disons le mot, le leadership français n’y est pas pour rien.