Joachim Rukwied, le président du syndicat agricole allemand majoritaire, a tenu une importante conférence de presse le 15 novembre dernier à Berlin.
Pour rendre la PAC à nouveau attractive, il faut la remodeler fondamentalement, a estimé le leader agricole allemand. Les aides forfaitaires à la surface vont peu à peu disparaitre et il faut changer cette politique agricole commune - et non pas la supprimer ni la réduire financièrement, au contraire.
Ces aides sont de moins en moins attirantes pour l’agriculteur, bien qu’il faille une période de transition, mais en 2035 ce sera fini. Elles ont diminué de moitié ces dernières années et seront bientôt à moins de 100 €/ha. Cette PAC n’est pas un modèle d’avenir. Son Architecture Verte est tout simplement mal faite !
La PAC a eu depuis 1962 un rôle déterminant pour environ 10 millions d‘entreprises agricoles. Mais dans sa forme actuelle, elle n’est plus acceptée par les agriculteurs, ni gérable par les administrations : les retards de paiements en sont les illustrations.
Les aiguillages pour la nouvelle période de financement seront posés après les élections européennes, et après la formation de la nouvelle Commission européenne. Le DBV appelle dès maintenant à en discuter, et il fera des propositions développées.
Elles tourneront autour de la constitution de trois blocs dans la PAC :
- d’abord sortir de ce mélange entre demandes et aides pour les prestations au climat et à l’environnement et toute cette avalanche de conditionnalité des aides. Les jachères et rotations, par exemple, ne sont que des couts inutiles.
Les agriculteurs étouffent sous la bureaucratie. Il faut rémunérer les prestations d’environnement à part, par un programme adapté aux régions et aux exploitations, en renforçant les aspects revenus, y compris par des financements hors budget agricole.
- ensuite isoler le soutien à la compétitivité agricole par les investissements, les innovations, mais aussi la gestion des risques et l’aide aux jeunes agriculteurs. Il faudra faire face aux conséquences de l’inflation et de la variation des conditions climatiques, comme aux USA par exemple.
- et pour finir, il faudra recentrer et recadrer le développement rural, en favorisant les structures agricoles.
Il faudra au total plus de moyens financiers, mais on ne peut pas continuer avec une politique devenue tellement compliquée et ingérable !
Ndlr : à la réflexion, on peut s’étonner que nulle part dans l’intervention de Rukwied il ne soit question de la future adhésion de l’Ukraine, qui à elle seule entrainerait une modification profonde de la PAC. Au demeurant le président du DBV fait une analyse courageuse en plaçant l’agriculture et son organisation à la tête du marathon européen qui va débuter.AM