En ce 22 octobre, la manifestation des agriculteurs allemands sur tout le territoire (ci-contre la carte des rassemblements) est probablement la plus importante depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Prise à partie, la ministre Julia Klöckner défend sa politique dans une lettre de 12 pages adressée à la fraction parlementaire CDU/CSU du Bundestag.
Elle voit dans les réactions agricoles essentiellement des erreurs ou des exagérations dans l’appréciation des conséquences possibles des décisions annoncées. Pour elle, des restrictions d’utilisation des phytosanitaires sont indispensables, y compris pour protéger les insectes ( !).
Dans la règlementation des fumures, l’Allemagne est en retard sur tous les autres pays et elle doit éviter des pénalités européennes très lourdes. Le transfert de 6% de ressources du premier pilier de la PAC, au second, à la place des 4 % actuels, est supportable – la ministre rappelle pernicieusement au passage que le SPD, le cher partenaire de la coalition gouvernementale, voulait, lui, 15 %.
Le label Tierwohl ne surcharge personne. L’agriculture n’est plus acceptée sans conditions dans certaines parties de la société et les efforts de ces derniers mois allaient dans le sens d’une réconciliation de l’agriculture avec la société.
On refuse de croire que Julia Klöckner n’a pas compris ce qui se passe. Et pourtant elle ne répond que sur le « paquet toxique » qui en d’autre temps n’aurait pas soulevé des masses d’agriculteurs allemands. Elle est en réalité dans la situation de celui qui écope l’eau d’une barque déjà surchargée, et qui prend un nouveau paquet de mer.
La ministre, et la CDU/CSU, sont en réalité accusées d’abandon, et de changement de camp au bénéfice de ceux qui ne cessent d’instiller leur « venin » agricole ». On a aussi connu chez nous, en France, des situations d’insuffisance de flair politique concernant des contestations qui avaient du mal à définir leurs objectifs, et qui voulaient au départ dire que trop c’est trop. AM