C’est ce que vient de rappeler Herr Doktor Matin Qaim, professeur de l’Université de Göttingen, spécialiste réputé de l’alimentation et de la faim dans le monde.
Qaim est membre de plusieurs conseils supérieurs consultatifs du ministère de l’agriculture, conseiller de l’Académie papale des sciences et titulaire de la distinction rare de Fellow of Agricutural & Applied Economics Association (AAEA) aux USA. Il était récemment l’invité à l’assemblée générale d’Agravis, à Hanovre, le second « mastodonte » coopératif allemand de l’approvisionnement et du stockage.
Il a commencé par surprendre son auditoire en affirmant que jusqu’à présent le changement du climat n’a pas été globalement défavorable de la productivité agricole. Il y a des régions qui profitent du changement de climat, comme par exemple la Sibérie. Les augmentations et les diminutions de productivité se compensent jusqu’à présent. Mais cela changera bientôt. A peu près, 70 % des études prospectives arrivent à la conclusion que d’ici 2050 il faudra s’attendre à des baisses de productivité de 10 à 25 %.
C’est là qu’est le problème, car l’agriculture devra prévisionnellement nourrir 9,8 Mrds d’humains en 2050, c’est-à-dire 2 Mrds de plus qu’actuellement. En même temps l’agriculture devra produire des matières premières renouvelables pour protéger le climat.
Des prévisions prudentes nous disent que l’humanité aura besoin de 50 % de matières premières en plus pour 2050. Mais durant les dernières années les rendements de céréales n’ont augmenté que de 1 % par an. C’est beaucoup trop peu.
Devant ces perspectives, la revendication de plus d’agriculture bio dans le monde est totalement absurde, selon ce scientifique. Actuellement il n’y a que 1 % des surfaces agricoles mondiales qui soit exploitée en bio. Comparés à ceux de l’agriculture conventionnelle, les rendements en bios ne sont le plus souvent que de moitié. Ceux qui revendiquent une généralisation du bio doivent accepter la faim dans le monde, ou doivent offrir plus de surfaces agricoles (déboisement etc.).
Malgré cela, l’agriculture bio reste importante pour l’avenir car elle a une fonction de « pionnier » selon Qaim. L’agriculture conventionnelle peut en apprendre, en particulier sur les rotations des cultures et le maintien de plus d’un plus grand nombre de variétés.
Mais le problème est aussi que l’agriculture biologique vit de son image. « Sans OGM et sans Chimie, est peut-être un bon slogan publicitaire, mais n’est pas un chemin pour résoudre les défis de l’avenir » dit Matin Qaim, qui propose une troisième voie.
L’objectif doit être d’obtenir des rendements élevés, avec peu d’intrants chimiques. Il souligne que par les techniques génétiques, les rendements ont augmenté de 22 %, alors que l’utilisation des pesticides a diminué de 37 %. La sélection de plantes doit apporter sa contribution avec de meilleures variétés. Et l’agriculture de précision doit également constituer un élément de base de l’agriculture d’avenir. AM