Douche froide pour Werner Baumann (57 ans), le patron de Bayer : l’assemblée des actionnaires lui a refusé le quitus de sa gestion à 55,5%, alors qu’il avait recueilli un confortable 97% l’an passé. La direction a tenté par tous les moyens de justifier la reprise de Monsanto, de mettre en avant certains bons résultats et réaffirmer que le glyphosate ne présente pas de danger, mais rien n’y a fait et les actionnaires ont sanctionné.
Avertissement sans trop de frais, puisque de son côté le conseil de surveillance a renouvelé sa confiance au conseil d’administration avec un vote à 66,5% des voix. Herr Baumann reste donc à son poste, mais c’est quand même un sérieux revers pour sa politique. Ça ne va pas plus loin pour le moment parce que personne ne souhaite le chaos. Mais dans un groupe allemand, un dirigeant qui fait moins de 90% de vote favorable dans l’actionnariat n’a pratiquement plus aucune chance de faire de vieux os.
La reprise en force de Monsanto pour 93 Mrds € laisse donc plus que des traces, notamment à cause de la perte de valeur des actions en bourse et de la vague des plaintes en dommages et intérêts aux USA. Baumann continue à défendre cette acquisition pour l’avenir, mais les actions ont baissé de 40 %.
Le Pdg s’est mis beaucoup de monde à dos l’année dernière, y compris parmi les groupements d’investisseurs pour ne pas avoir écouté leurs inquiétudes devant les milliers de plaintes qui se sont accumulées aux USA.
Le groupe paye donc maintenant la mauvaise réputation de Monsanto, à cause Monsanto du glyphosate et des semences OGM. En France, Monsanto a été condamné à des indemnisations, et au Luxembourg on a reconnu un cancer comme maladie professionnelle, le glyphosate ayant été considéré comme le risque majeur. Les tribunaux américains proposent maintenant aux parties en présence une procédure d’arbitrage et menacent de l’imposer au besoin.
Mais Bayer veut continuer à défendre la sécurité du glyphosate devant les tribunaux. Le groupe a publié à cet effet des centaines d’études scientifiques qui l’attestent. Il est vrai qu’au départ des procédures américaines les questions de savoir si Monsanto a caché des risques et si des collaborateurs de Monsanto ont influencé les études scientifiques de sécurité du produit étaient posées. Il n’y a pas eu de décisions sur ces questions. AM