Figure de proue de ce bouillonnement : un jeune éleveur laitier de 30 ans, Christopher Daun, président des Jeunes Agriculteurs de Rheinland Nassau et vice-président européen des Jeunes Agriculteurs. Il était aussi il y a peu coprésident, avec Nina Sehnke, du BDL l’organisation fédérale allemande des Jeunes Agriculteurs (très liée au DBV, le syndicat majoritaire, plus que les JA français avec la FNSEA).
Or ces deux personnalités ont été carrément éjectées de leurs postes par une assemblée générale extraordinaire du BDL, à cause de leur prise de position pour l’interdiction des élevages en étables entravées. Du moins est-ce l’explication officielle. Mais Christopher Daun n’accepte pas cette explication et le fait savoir. Il est convaincu d’avoir été sanctionné pour s’être engagé à lutter pour plus de transparence au sein du DBV.
La prise de position sur les étables entravées a été arrêtée par le conseil d’administration du BDL dit-il, contrairement à ce qui a été dit sur une prétendue décision solitaire, tout comme la demande de modifications des statuts du DBV, approuvées également par son conseil. Cette dernière position a souverainement déplu. Elle dispose que l’âge limite pour entrer au conseil du DBV serait abaissé de 64 à 59 ans, de manière à cordonner la sortie de ce conseil avec l’âge de la retraite. La réélection devait être limitée à deux périodes Et surtout, elle plaidait pour étendre les candidatures possibles à ce conseil à d’autres que des présidents des syndicats des Länder. Il est difficile de remplir à la fois les deux mandats, au niveau national et à celui du Land. Et cela crée une dépendance totale du Land alors qu’au niveau national il faut être plus indépendant, selon Daun.
Celui-ci développe sa position en affirmant qu’il faut travailler en interne au DBV à des alternatives d’avenir, sans se cramponner en permanence aux statuts ». L’expérience montre que l’on fait du clientélisme, si l’on dépend totalement des contingences du Land. L’on perd en confiance, et l’on mène ses membres dans l’erreur.
Daun ajoute : l’influence du DBV n’est plus la même, on est devant une multiplication d’acteurs, que ce soit le BDM, Greenpeace, AbL et bien d’autres. De plus, le nombre d’agriculteurs diminue. Il est clair qu’on ne pourra pas arrêter la tendance sociétale vers plus de durabilité. Le DBV ne va pas avec son temps… Il y faut plus de précurseurs courageux, qui risquent aussi des choses… Il y faut un mélange entre jeunes et moins jeunes. Les jeunes ne feraient pas forcément mieux, mais agiraient avec d’autres priorités. Par exemple, explique Christoph Daun, il faut que dans ma propre exploitation, je me fasse déjà à l’idée que les contraintes pâture vont arriver, et que l’on aura un jour la contestation des étables à stabulation libres, comme on eut celle des stabulations entravées. AM